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Honduras : José Miguel Insulza entre deux feux

mercredi 15 juillet 2009

S’appuyant sur des commentaires de la presse latino-américaine et espagnole, l’Institut des Amériques se penche sur la situation du secrétaire générale de l’Organisation des États Américains (OEA), José Miguel Insulza, à la lumière de son rôle dans la crise hondurienne.

Hugo Chavez avait exigé sa démission après l’avoir insulté. Deux années plus tard, il se retrouve sous le feu des critiques des adversaires du président vénézuélien pour son rôle dans la crise hondurienne. Difficile pour le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), le chilien José Miguel Insulza, de se frayer un chemin entre ces deux tendances. Et les rumeurs sur son avenir commencent à circuler.

Dans un article paru dimanche dans El País, l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa s’est joint à la campagne lancée contre M. Insulza. Il le traite de « despistado », un mot qui pourrait se traduire par « ahuri » [1]. Il ajoute qu’il est devenu « inutile » et souhaite que son organisation intervienne désormais le moins possible dans la crise au Honduras.

Comment en est-on arrivé là ? Aux États-Unis, les milieux conservateurs font l’amalgame entre M. Insulza et M. Chavez, comme en témoignent les déclarations au Miami Herald de Ray Walser, expert de la Heritage Foundation. La droite américaine reproche à l’OEA d’avoir suspendu le Honduras de l’organisation, tout juste un mois après avoir levé une mesure identique imposée contre Cuba en 1962. Ironie du sort, l’Assemblée générale de l’OEA avait pris cette décision lors d’une réunion qui s’est tenue au… Honduras.

Le journal argentin La Nación se fait l’écho de critiques contre « le manque de prudence et de neutralité » de M. Insulza dans la gestion de la crise au Honduras. Sévèrement critiquée par les républicains pour avoir « suivi » la ligne de M. Chavez en dénonçant un coup d’Etat et en exigeant le retour au pouvoir de M. Manuel Zelaya, l’administration Obama aurait écarté le secrétaire général des négociations en désignant le président du Costa Rica, Oscar Arias, comme médiateur, ajoute le quotidien de Buenos Aires.

Le journal chilien El Mercurio reprend cette idée dans un article paru dimanche. En demandant la médiation de M. Arias, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a « relégué M. Insulza à un second plan ». Et le quotidien conservateur d’assurer que les Etats-Unis ne soutiendront pas l’ancien ministre chilien pour un second mandat de cinq ans. Une information catégoriquement démentie par le ministre chilien des Affaires étrangères, Mariano Fernández.

En revanche, l’article du Mercurio ne rappelle pas que M. Insulza avait déjà été élu secrétaire général en 2005 contre l’avis des Etats-Unis. L’administration de George W. Bush avait d’abord soutenu la candidature de l’ancien président du Honduras (encore !), Francisco Flores, puis celle du Mexicain, Luis Ernesto Derbez.

©Institut des Amériques


[1On peut le traduire aussi comme "largué"

Messages

  • Si Insulza est critiqué par les deux camps, n’est-ce pas la preuve qu’il fait finalement du bon boulot ? Et puis entre nous, Vargas Llosa n’est-il pas un peu politiquement despistado lui aussi en prônant le libéralisme sans relâche depuis 30 ans, alors que ce système montre aujourd’hui ses limites plus que jamais ?