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Philippe Foulquié : le Chili et son peuple sont un membre de ma famille

jeudi 22 août 2013

Fondateur et Directeur de la Friche la Belle de Mai à Marseille entre 1987 et 2011, Philippe Foulquié - homme de culture à l’engagement généreux§ était directeur du Centre Culturel Municipal d’Argenteuil au moment du coup d’état. Il témoigne.

Par Philippe Foulquié

En 1973, j’étais membre du Parti Communiste Français et je travaillais au Centre Culturel Municipal d’Argenteuil (95) comme directeur adjoint. J’avais deux jours avant le putsch participé à la Fête de l’Humanité et en particulier aux activités concerts et débats liés au Chili face à l’inquiétude que les nouvelles reçues alors portaient très haut, même si nous n’avions pas prévu ce qui allait se passer deux jours plus tard.

Dés le premier jour, nous nous rendions quotidiennement devant l’Ambassade du Chili, partageant les chansons et les slogan avec le personnel de l’Ambassade, salué par l’Ambassadeur de l’Unité Populaire. Professionnellement, nous avons pu rencontrer et accueillir les groupes chiliens, présents en France pour participer à la Fête de l’Huma 1973, et ainsi sauvés de la répression fasciste atroce et inattendue (Quilapayun, Inti Illimani).

Notre président Pompidou avait eu une expression très ambiguë pour qualifier le Putsch, ce qui nous avait révoltés. Par la suite nous avons souvent participé à des soirées de solidarité, désespérant de la longévité de cette dictature qui devait tout cela aux Etats-Unis, pouvoirs républicains et démocrates confondus.

Nous avons sympathisé avec des amis chiliens, notamment Oswaldo, l’ancien doyen de l’Université de Valparaiso, membre du Comité Central du Parti Communiste Chilien, exfiltré vers l’URSS dés le mois de septembre, où il devait résider plusieurs mois avant de rejoindre la France et d’enseigner à l’Université de Nanterre. Nous l’avons connu par son épouse Sara qui travaillait à la Bibliothèque de Montreuil. Nous sommes partis en vacances ensemble et avons eu de nombreux échanges, régulièrement ramenés au sens des réalités par la lucidité politique d’Oswaldo.

En quittant Paris pour rejoindre mon Midi, j’ai perdu de vue ces amis dont j’ai même oublié le nom propre. J’aimerais bien que l’on m’aide à les retrouver, eux-mêmes et leurs enfants dont les ainés ont prés de cinquante ans maintenant.

Mes frères chiliens

Sinon mon soutien n’a pas eu de dimensions spectaculaires : je l’ai partagé dans de nombreuses réunions, manifs et meetings, dans quelques rencontres plus privés avec des gens qui vivaient au Chili avant et après le putsch. Mais la modestie apaisée de ce soutien m’a, à jamais, amené à considérer le Chili et son peuple comme une sorte de membre de ma famille, avec, pour d’autres raisons, des pays comme leurs peuples, telles l’Italie ou l’Algérie. On dit volontiers nos cousins italiens. J’aime parler de mes frêres chiliens ou algériens.

Je n’ai pas encore compris comment les Chiliens avaient pu ramener au pouvoir un homme comme leur Président actuel, cousin latino-américain de nos Berlusconi, Sarkozy ou Tapie européens, et proche des milieux ex-putchistes. Ceci en tout cas peut nous rappeler ces exemples trop nombreux où la trahison de son propre électorat a amené au pouvoir la pire alternative, celle-la même que nous craignons aujourd’hui dans ce climat délétère généré par les "renoncements" de notre pouvoir "socialiste".

Philippe Foulquié
Conseiller culturel Indépendant
Directeur Fondateur de la Friche la Belle de Mai à Marseille
(1987-2011).

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