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Olivier Bras : Voltaire, les "empanadas" et le Chili.

lundi 26 août 2013

C’est dans la cour du Lycée Voltaire, à Orléans-La-Source, que le journaliste Olivier Bras a entendu pour la première fois parler des « empanadas », cette spécialité culinaire qui faisait (et fait encore !) partie du menu amical et solidaire franco-chilien.

Le mot « empanada  » est entré dans mon vocabulaire en 1987. Je l’ai appris grâce à des camarades du lycée Voltaire situé à Orléans-La-Source. Cet établissement borde plusieurs cités qui ont vu arriver de nombreuses familles chiliennes au cours des années 70. Leurs enfants faisaient partie de mes camarades. Et certains d’entre eux mettaient leurs mères à contribution pour aider financièrement les Jeunesses communistes ou les mouvements politiques au sein desquels ils militaient. C’est ainsi que de temps à autre, des « empanadas » apparaissaient dans la cour du lycée. Je connaissais certains de leurs vendeurs qui me semblaient vivre sur une autre planète.

Comme la plupart des jeunes scolarisés à Voltaire, je n’avais pas encore de convictions politiques très affirmées. Mon univers tournait autour du sport, des mobylettes, de la musique, du cinéma, des filles... Le leur incluait notamment un certain Pinochet dont ils parlaient sans cesse. Mais je n’ai jamais pris la peine de mieux connaître l’histoire de ce pays lointain ou de me pencher sur le sort de son peuple. Seul le chanteur Renaud, dont j’écoutais tous les disques en boucle, me rappelait à l’ordre de temps en temps avec sa chanson Hexagone.

Rattrapé par le Chili

Le Chili m’a rattrapé dix ans plus tard. Par hasard. Je me suis lancé en octobre 1998 dans un voyage en Amérique du Sud : quinze jours au Chili, quinze jours en Argentine. Au programme, beaucoup de trekkings en Patagonie. Je suis arrivé dans la capitale chilienne le 17 octobre, au moment où le pays se réveillait avec une information explosive : Augusto Pinochet avait été arrêté la veille dans une clinique londonienne. Il m’était alors difficile de comprendre précisément ce qu’il se passait. Heureusement, j’ai rapidement pu bénéficier de l’aide d’anciens exilés chiliens qui avaient passé de très longues années en France. Et j’ai logiquement repensé à mes camarades de lycée qui dénonçaient la dictature de Pinochet. Cette fois, j’étais dans le pays de leurs parents et j’ouvrais enfin les yeux. Je me plongeais dans une histoire dont je me suis peu à peu senti très proche. Jusqu’à décider de rester au Chili pour tenter ma chance comme correspondant de presse. La greffe a pris et je me suis installé à Santiago.

C’est un peu la faute à Voltaire...


Devenu journaliste, Olivier Bras a notamment couvert le Chili pour Libération et RFI. De retour en France il a été éditeur délégué web à Courrier international et collaboré avec le juge chilien Juan Guzman pour son livre « Au bord du monde ». Passionné de rugby il est par ailleurs co-auteur de « Rugby : Coupe du monde inédite ». Il publie prochainement dans le premier numéro de La Revue Dessinée "Allende, le dernier combat", un récit graphique réalisé en collaboration avec le dessinateur argentin Jorge González.

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