Chinese President Hu Jintao (C), is received by members of the Chinese community upon his arrival at Juan Santamaria international airport in Alajuela, 18km away from San Jose, Costa Rica on November 16, 2008. Hu Jintao is in Costa Rica for a a two-day official visit and sign some cooperation agreements. AFP PHOTO / Mayela LOPEZ

Chinese President Hu Jintao (C), is received by members of the Chinese community upon his arrival at Juan Santamaria international airport in Alajuela, 18km away from San Jose, Costa Rica on November 16, 2008. Hu Jintao is in Costa Rica for a a two-day official visit and sign some cooperation agreements. AFP PHOTO / Mayela LOPEZ

L'Express

Après l'Afrique la Chine prospecte en Amérique latine. Le président chinois Hu Jintao est ainsi arrivé dimanche soir à San José, capitale du Costa Rica pour développer un partenariat économique avec Oscar Arias Sanchez, président du pays. Lundi après midi il s'est envolé pour La Havane où il est attendu dans la soirée. Cette visite dans ce "pays frère" précède à la participation d'Hu Jintao au Forum de coopération économique Asie-Pacifique au Pérou le 22 novembre. 

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La Chine a accru sa présence diplomatique et ses investissements ces dernières années en Amérique latine, dont elle ne dédaigne pas les ressources naturelles et ses marchés en développement, et qui elle-même espère un afflux de financements.

Les exportations chinoises vers l'Amérique latine ont progressé de 52% sur les 9 premiers mois de 2008, à 111,5 milliards de dollars, selon l'agence officielle Xinhua.              

Pékin achète du soja d'Argentine et du Brésil, qui lui vend aussi du fer, du cuivre du Chili, de l'étain de Bolivie, et du pétrole du Venezuela. Un petit pourcentage du total des exportations latino-américaines, mais en hausse.                

Avec Cuba, la Chine entretient des relations d'amitié sans faille depuis des dizaines d'années. Le président Hu Jintao s'y est déjà rendu en visite il y a quatre ans pour des accords bilatéraux, et Pékin a été en 2007 le deuxième partenaire commercial de La Havane, après le Venezuela.  

A Cuba, la visite du président chinois a pour but de "renforcer les liens au niveau des Partis (communistes) et du gouvernement", mais aussi dans les secteurs culturel, économique, éducatif, sanitaire et des biotechnologies, selon l'ambassadeur cubain à Pékin Carlos Pereira.

Hu Jintao doit rencontrer Raul Castro, qui assure officiellement la présidence depuis février, et possiblement son frère et illustre prédécesseur Fidel dans sa "retraite médicale" de La Havane.

La visite du président chinois à La Havane est d'autant plus significative que Cuba, qui vient d'adhérer au Groupe de Rio, s'intègre de plus en plus à la communauté régionale et à son dialogue avec la communauté internationale.

Visite symbolique au Costa Rica    

Au Costa Rica, cette rencontre présidentielle est la première visite chinoise au plus au niveau. Symbole du rapprochement en cours, le Costa Rica a été le premier pays latino-américain qui ait rompu avec Taïwan pour nouer des relations diplomatiques avec Pékin, en juin 2007.                

Au plan mondial, Taïwan n'a plus que 23 pays interlocuteurs, contre 171 pour Pékin.                

"La visite de Hu Jintao est plus que symbolique, car elle marque clairement que San José n'est plus un fief taïwanais", estime l'expert costaricien Luis Guillermo Solis.                 

On a pu reprocher aussi bien à Taïwan qu'à Pékin de mener une "diplomatie du dollar" pour se faire des alliés. Mais il est difficile de rivaliser avec la puissance économique chinoise, en particulier en ces temps difficiles.                

On en est plutôt à se demander dans la région si d'autres pays voisins ne vont pas suivre l'exemple du Costa Rica, où Pékin, fort de ses énormes réserves de devises, a proposé d'acheter 300 millions de dollars de bons du Trésor.                 

Le Costa Rica, important exportateur de composants informatiques, prépare maintenant la signature d'un accord de libre échange avec la Chine.

Objectif : supplanter Washington  

Ces dernières années, Pekin a multiplié ses visites "économiques" dans la région, signant notamment des accords d'investissements et d'exploitation avec des pays producteurs de pétrole comme le Venezuela, le Mexique, le Brésil, l'Argentine, l'Equateur et la Colombie.               

"Le fait est que, dans le passé, nombre de pays ont fermé la porte de leurs accords énergétiques à la Chine", souligne M. Brown, et "elle va entrer de plus en plus dans ces domaines", selon lui.                

Pékin a progressé aussi dans ceux de l'aide économique et de l'investissement direct, où il lui est parfois arrivé de supplanter Washington, le voisin et principal partenaire commercial de la région.                

L'enseignement du chinois à l'école et à l'université, les bourses d'études en Chine, comme le prévoit l'accord avec San José, sont un "plus" à cette offensive de charme.                 

Et, même si les économies latino-américaines sont mieux armées que dans le passé pour affronter la crise mondiale actuelle, un partenaire du calibre de la Chine est moins que jamais à dédaigner.

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