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Les Mexicains ulcérés par les brutalités de leur police

Une succession d'abus, de violences et de négligences dans le pays soulignent la nécessité de réformer en profondeur la police au Mexique.

Par Joëlle Stolz

Publié le 12 juillet 2008 à 14h02, modifié le 12 juillet 2008 à 14h02

Temps de Lecture 2 min.

Deux semaines après une désastreuse opération "coup de poing" à Mexico, qui a causé la mort de douze personnes, en majorité des adolescents, le chef de la police de la capitale et son procureur général ont été contraints de donner leur démission, le 8 juillet, afin d'apaiser une opinion publique ulcérée par les méthodes souvent brutales des forces de l'ordre.

"Nous devons construire un autre type de police", a déclaré le chef du gouvernement de Mexico, Marcelo Ebrard, du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche). La tragédie survenue le 20 juin dans la discothèque New's Divine, fréquentée par des jeunes de milieux populaires, a mis en évidence l'impréparation des policiers, mais aussi les "abus systématiques, brutalités et négligences" dont ils se sont rendus coupables envers des adolescents "dont la faute la plus grave était de boire de la bière", affirme un rapport de la Commission des droits de l'homme de la capitale, la CDHDF.

Sous prétexte de contrôler la consommation illégale d'alcool et de drogue par des mineurs, constate le président de la commission, Emilio Alvarez, la police a monté une opération démesurée. Comme il n'y avait qu'un seul véhicule pour embarquer les "suspects" - des centaines d'adolescents voire d'enfants -, les agents ont barré l'unique sortie disponible, frappant les jeunes pour les obliger à refluer vers l'intérieur. Douze personnes sont mortes asphyxiées ou écrasées, dont trois policiers et une fille de 13 ans.

ENTRAÎNEMENT À LA TORTURE

L'enquête révèle que les agents ont ensuite emmené des mineurs sans en informer leurs parents, avant de les ficher comme des délinquants. Des insultes et des menaces de mort ont été proférées contre eux. Dix jeunes filles ont été entièrement déshabillées, en présence d'un officier, pour être photographiées. "Ces actes ne sont pas un cas isolé. Ils constituent des pratiques systématiques et institutionnalisées qui doivent être éradiquées", a souligné M. Alvarez.

Il dénonce les méthodes musclées employées par la municipalité de Mexico, gouvernée depuis plus de dix ans par la gauche. "A mon arrivée à la tête de la CDHDF (en octobre 2001), il y avait 16 000 détenus dans les prisons de la capitale. Aujourd'hui, il y en a 36 000, surtout des jeunes issus des classes pauvres, pour des vols inférieurs à 3 000 pesos (200 euros)", rappelle-t-il au quotidien Cronica. Trop souvent, dit-il, les policiers "se déchaînent contre les jeunes pauvres ou les petits employés".

Selon l'hebdomadaire Proceso, le drame du New's Divine prouve surtout qu'il est illusoire de prétendre unifier les corps de police sans les épurer et les restructurer de fond en comble.

La presse mexicaine a ainsi découvert, fin juin, que la police de l'Etat de Guanajuato (Centre), un bastion de la droite catholique, avait recours depuis 1997 à d'anciens militaires israéliens afin d'entraîner ses hommes à la torture. La diffusion de vidéos montrant des policiers contraints de ramper dans leur vomi ou de se plonger la tête dans un seau rempli d'excréments a provoqué un choc.

Vendredi 11 juillet, la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH) a dénoncé huit nouveaux cas d'abus et de tortures commis par des militaires contre des civils, lors d'opérations contre le trafic de drogue.

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