Le président mexicain, Felipe Calderon, a reçu, dimanche 31 août, les organisateurs des manifestations contre l'insécurité publique, qui ont rassemblé, samedi, des centaines de milliers de personnes dans 70 villes du Mexique. "Les autorités ont été débordées par la délinquance", a admis le chef de l'Etat, après l'entretien.
"S'il n'y a pas une société plus forte, il n'y aura pas d'effort de la police capable de la défendre vraiment contre le crime", a ajouté M. Calderon. Les manifestants ont demandé la création d'un Institut citoyen de prévention sociale du délit, associant la société civile à la sécurité publique.
Samedi, une foule évaluée de 80 000 à 200 000 personnes, selon les sources, a défilé à Mexico. Les manifestants, presque tous habillés en blanc comme l'avaient proposé les organisateurs, sont partis, à 18 heures (heure locale), du monument à l'Ange de l'indépendance, sur l'avenue Paseo de la Reforma. En dépit de la pluie, ils ont parcouru le centre-ville pendant deux heures et demie.
A 20 h 30, le Zocalo, l'immense place centrale de Mexico, débordait de manifestants qui ont allumé des cierges, pendant que sonnaient les cloches de la cathédrale. Sur eux flottait le drapeau mexicain, aux dimensions aussi impressionnantes que le Zocalo. Avant de se disperser, la foule a entonné l'hymne national.
La marche "Iluminemos Mexico" ("Illuminons le Mexique") était convoquée par quatorze organisations non gouvernementales, qui ont refusé l'adhésion des partis ou des hommes politiques. Le maire de Mexico, Marcelo Ebrard, du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), a été apostrophé par des manifestants qui ont empêché un de ses collaborateurs de rejoindre le cortège. Cependant, dimanche, les organisateurs ont remis leurs doléances aussi bien à M. Calderon qu'à M. Ebrard.
Outre "Basta Ya" ("ça suffit") et des mots d'ordre contre la violence, les enlèvements et l'impunité, les manifestants ont repris à leur compte la phrase "Si vous n'y arrivez pas, démissionnez !", adressée aux élus par Alejandro Marti, père d'un adolescent assassiné par ses ravisseurs. La découverte du corps de Fernando Marti, le 31 juillet, a bouleversé l'opinion publique. Des représentants de la société civile ont appelé les citoyens à descendre dans la rue le 31 août, à l'image de ce qui avait déjà été fait en 2004. "Après cette marche, je suis rentré à la maison et nous avons tous attendu une solution magique qui n'est pas venue, explique Elias Kuri, un des organisateurs des manifestations de samedi. Nous aurions dû continuer, au lieu de nous en remettre aux autorités."
Selon la presse, 15 000 Mexicains ont manifesté à Guadalajara, à Monterrey, à Morelia et à Cuernavaca, 10 000 à Cancun et à Puebla, 7 000 à Guanajuato, 5 000 à Zacatecas, 3 000 à Tijuana.
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