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Rudo y Cursi : drôle de match !

mercredi 1er septembre 2010, par Eduardo Olivares Palma

Derrière la chronique drôle et souvent désabusé de deux jeunes mexicains dont le Graal se trouve dans les 90 mètres d’un terrain de foot, le réalisateur Carlos Carón dresse, l’air de rien, un tableau bien réel du Mexique du Bicentenaire.

Guidés par une espèce de deus ex-machina dont les commentaires soulignent, expliquent ou donnent un sens inattendu aux images que nous venons de voir, les 103 minutes de Rudo et Cursi nous proposent un regard qui s’avère être, à plus d’un titre, un véritable portrait du Mexique du Bicentenaire.

Car derrière la (simple) et efficace comédie sur ces deux frères dont le salut semble être au bout de leurs crampons et le talent au niveau de leur chaussettes, le réalisateur Carlos Cuaron s’est arrangé pour glisser des réalités sociales bien plus complexes.

Des réalités nous arrivent bien souvent par les biais de quelques clichés que même les commentaires en off du très faustien escroc-manager-philosophe (Guillermo Francella) ne parviennent pas à arracher à leur condition de clichés : le machisme de Rudo (Diego Luna), la candeur de Cursi (Gael Garcia Bernal, l’avidité manipulatrice et impitoyable de l’animatrice de télévision (Jessica Mas) ou la "mère courage" (Dolores Heredia) qui justifie une bonne partie des efforts de Rudo et Cursi pour réussir.

Cependant, d’autres réalités sont bel et bien là sans être forcément mises en évidence ni par l’action ni par les commentaires de "l’oracle".

Parmi celles-là, l’une des plus frappantes est celle de la présence somme toute "naturelle" de ces caïds tout puissants dont la vulgarité, la méchanceté et la fourberie n’ont d’égal que la naïveté rêveuse de "los de abajo". Ceux qui, à l’instar de Rudo et Cursi, sont prêts à prendre pour de l’argent comptant les rêves de gloire et de richesse facile que la télé, le football ou un Faust de pacotille leur présentent sur un plateau doré et clinquant à souhait. L’arrivée de l’un de ces caïds dans la famille donnera d’ailleurs une tout autre dimension à la saga de nos deux anti-héros qui ont un mal fou à se rendre compte à quel point leurs dés sont pipés.

Avec la complicité d’une bande d’acteurs aussi crédibles qu’attachants, Carlos Caron réussit donc à nous faire rire souvent -quoique parfois jaune- avec une comédie qui, en prime, nous rapproche de ce Mexique qui, deux cents après son indépendance et cent après sa révolution, court toujours après un partage plus juste et moins corrompu de ses richesses et de sa grandeur.

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